> ÉLÉMENTS POUR UN ENSEMBLE _________________________________

ELEMENT

TERTRE

WALL_SOCLE_CLOSUP

WALL_SOCLE

MLNCL-14-CLOSUP

MLNCL_14

SUBSOLE

SUBSOLE-DOWN

SUBSOLE-INTEGRALE

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element-bleu

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POLYEDRE-CLOSUP

ANDERLECHT

Blanc de meudon

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Blanc de meudon

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Installation
Sculpture
Dessin
Objet
Éditions
Photographie
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2013/2017
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À l’origine du projet, il y a une œuvre, une gravure iconique d’Albrecht Dürer. Sur la partie gauche de cette composition, Melencolia I (1514), entre le soleil éclatant et un chien couché famélique, est disposé un polyèdre convexe à huit faces. L’une d’entre elles comporterait les contours d’un visage insaisissable. L’objet est énigmatique, il renvoie le regardeur vers différents champs de recherche : la physique, la perspective, les mathématiques ou encore la théologie. Une forme à la fois claire et hermétique que les artistes et les historiens de l’art ne cessent de questionner et de travailler pour en extraire du sens.
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Raphaël Denis a grandi avec une copie de la gravure de Dürer (réalisée au XVIIe siècle par le graveur flamand Johann Wierix) qui appartenait à son arrière-grand-père, également peintre, graveur et dessinateur. En retournant à Melencolia I, Raphaël Denis revient non seulement sur les prémices d’un apprentissage visuel, mais aussi sur un motif fascinant : la pierre de la mélancolie. Il exprime ainsi le « désir de se confronter à un défi géométrique » en formulant une analyse physique, spatiale, matérielle et formelle. Il tourne autour du polyèdre, le dessinant, le moulant, le multipliant, le brisant, l’évidant ou l’illuminant. Le polyèdre est manipulé dans tous les sens, il en résulte une traduction plurielle : sculpture, dessin, installation et photographie. Tous les formats sont envisagés. L’artiste fabrique des polyèdres en plâtre, anthracite, teintés dans la masse, qui tiennent dans la main et s’articulent entre eux. Autonomes et collectifs, les petits polyèdres dialoguent avec des polyèdres au format plus généreux. La question de la mise en espace est ainsi posée par la relation entre les différents éléments.


En jouant avec le vide, le plein et le trait, Raphaël Denis convoque un motif, une forme spécifique, mais aussi un mythe artistique. Aux polyèdres lourds et pleins, il oppose les squelettes de la pierre, dont il ne reste plus que la structure, le dessin en somme. Les arêtes sont alors fabriquées à partir de plâtre ou bien remplacées par des néons reliés entre eux par des câbles électriques (MLNCL 14, 2014). D’autres versions de ces pierres « fantômes » introduisent la notion de chute et fatalement de dégradation de la forme : deux polyèdres se font face, l’un disposé sur une tablette, l’autre fiché à un mur, ils sont tous deux couverts de bitume noir et dégoulinant, évoquant la bile noire de la mélancolie (Sub Sole, en collaboration avec Gabriel Léger, 2013) ; un squelette semble s’être écrasé au sol, sa base repose sur un amas de gravats (Grand Élément noir sur débris noir satin, 2013). L’artiste explique d’ailleurs que les gravats sont une allusion à la météorite d’Ensisheim, tombée sur terre en 1492. La pierre, lourde de 135 kg, fut l’objet de nombreuses superstitions ; elle fut aussi débitée en différents morceaux, formant tant des amulettes que des cadeaux qui ont mené à sa dispersion géographique. Raphaël Denis parodie la fragmentation du polyèdre, dont les brisures pourraient représenter une ruine fétichiste et absurde.    

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Entre construction, déconstruction et destruction, le polyèdre de Dürer est examiné, déplacé, disséqué et mutilé. Au fil des générations, les artistes doivent se confronter à l’histoire de l’art, aux références incontournables et aux rites de passage qu’elles induisent. La pierre renvoie « évidemment à la mélancolie et à la difficulté de la tâche de l’artiste, dont le polyèdre demeure à un des plus beaux symboles ». S’attaquer à la pierre de la mélancolie est une manière pour Raphael Denis de se mesurer aux formes du passé, de se les approprier. Il parle ainsi d’une « tentative d’exégèse plastique ». Un processus que nous retrouvons avec la série Corps 1, où l’artiste (en collaboration avec le Collectif Anonyme) contraint et réduit les textes de célèbres ouvrages comme La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette et À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, jusqu’à les faire tenir sur une feuille de papier. Les formes, les motifs et les mots sont des citations que l’artiste malaxe et transforme. Par la manipulation des modèles et des mythes, il ouvre des champs d’expérimentation sans bornes.

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________________________________________________________________Julie CRENN
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